LOGIE Jacques, STENGERS Jean (Préface)
1830, de la régionalisation à l'indépendance
Signé et dédicacé par l'auteur. Pb, 248 pp. Illustrations en NB; notes bibl., bibliographie, index. Attaque vivement les thèses de Maurice Bologne, sans pour autant les briser. La revue d'inspiration marxiste Critique politique conclut en ces termes : Nous avons le sentiment,qu'en gros, Bologne insiste sur les même phases du mouvement que Jacques Logie (...) Nous schématiserions la chose en disant que, dans les deux cents premières pages de son livre, Jacques Logie étudie les mêmes événements que ceux observés par Bologne. C'est sur la signification de ces événements que Bologne et Logie vont profondément diverger.
Chapitre premier
Quinze ans d’amalgame
Le royaume des Pays-Bas naquit au Congrès de Vienne. Les vainqueurs de Napoléon remodelèrent la carte de l’Europe et se partagèrent les dépouilles de l’Empire français. L’idée de construire au nord de la France un Etat assez fort pour résister à ses entreprises était anglaise : elle avait été conçue par William Pitt des 1805.
Le traité des VIII Articles signé à Londres entre l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie, en juin 1814, prévoyait déjà la réunion de la Belgique à la Hollande de « manière à opérer l’amalgame le plus parfait entre les deux pays ». Le sort des Pays-Bas fut consacré par le traité des XXXVIII Articles, signé le 13 février 1815 et incorporé à l’acte final du Congrès de Vienne le 9 juin suivant.
En fait, l’accroissement de territoire accordé aux anciennes Provinces-Unies n’était qu’une compensation pour la colonie hollandaise du Cap de Bonne-Espérance et les comptoirs indiens, occupés par les Anglais dès 1795, et que ceux-ci n’entendaient pas restituer.
Les Belges étaient surtout ravis d’être débarrassés du régime napoléonien, du fardeau de ses guerres, de la conscription, de ses lourdes impositions indirectes : les droits réunis. Le pays espérait aussi la paix religieuse, troublée pendant les dernières années de l’Empire par les démêlés entre Napoléon et le Pape.
S’il n’existait pas de parti français en Belgique en 1814, il n’y avait pas davantage de courant favorable à la réunion à la Hollande. Il subsistait toutefois un certain loyalisme monarchique orienté vers les Habsbourg qui apparaissaient comme les souverains légitimes. Mais l’empereur François Ier avait le regard tourné vers l’Italie et ne voulait plus de provinces aussi éloignées et aussi difficiles à gouverner.
Personne ne défendait l’idée d’une Belgique indépendante. La masse des populations, indifférente, se contentait de savourer la paix retrouvée. Seuls l’aristocratie, certains intellectuels et le clergé faisaient...